Ils sont comme vous et moi, faible et fort à la fois. Ils sont ceux qui, aimés de Dieu, sont parvenus à réchapper à cette épidémie effroyable qui a plongée la Roumanie dans un chaos sans précédent. Mais combien de temps tiendront-ils avant de tomber entre les griffes du Diable ? En proie à la peur, ils ne font que fuir, constamment. Ils sont la nourriture des malades, un simple gibier pour ces hommes qui ont été contaminés. Ce qui les effrait le plus, dans cette histoire, c’est l’inconnu, le mystère, ce sur quoi on ne peut pas mettre de nom. Or, je crois que cette peste est le parfait exemple d’un malheur dont on ne sait rien et que l’on ne peut même pas combattre. C’est le destin, cette chose plus forte qu’eux qui leur glace le sang. Alors, quand on les qualifie de « chanceux », moi je ris, car dans cette histoire ils jouent le pire des rôles qui n’eut jamais été créé pour être humain. Paysans, soldats ou Princes, ils tremblent tous devant cette même ombre qu’on appelle la mort, et sont destinés à se courber et baiser le front de cette illustre dame vêtue de noir. Si Dieu n’existe pas pour tous, les hommes savent en revanche quel cruel sort les attend et que la fatalité, elle, existe bien.
En bref, descendants d’Adam et Eve, ils ne sont dotés d’aucun pouvoir et sont des êtres de chaire et de sang. La seule arme mortelle qu’ils détiennent vraiment est appelée « intelligence », un cadeau de Lucifer durant son voyage sur terre, vous diront les plus croyants d’entre eux. En tout cas, ces créatures sont, malgré les apparences, de terribles bêtes féroces. Je préférerais cent fois plus mettre ma vie entre les griffes d'un animal que de celles de ces bêtes là...


Ah, cette terrible peste qui fait trembler le commun des mortelles. Ce fléau inconnu qu’on a attribué à Satan – car aucune maladie à ce point cruelle et douloureuse ne peut avoir été créée par autre que lui ! Elle vous ronge les os, fait bouillir votre sang et emprisonne votre esprit dans une folie pure et sanglante. Elle s’invite doucement en vous, comme le ferait une amie, puis, vous poignarde vilement dans le dos avant de vous laisser là, abandonnant derrière elle un esprit perdu et maudit. Cette maladie, croyez-moi, est bien pire que la mort car elle fait de vous une bête et ne laisse derrière elle que des ruines d’humanité. On dit que ceux qui contractent cette « malédiction », comme l’appelle les paysans, deviennent des démons assoiffés de sang et de chair humaine, les ombres du Diable. Une femme, avant de rendre son dernier souffle, a dit « que leurs yeux brillaient à l’éclat des flammes et dans les ténèbres nocturnes, qu’ils étaient plus sombres encore que la mort elle-même et qu’ils ne reflétaient rien, si ce n’est que le pécher qui habite leur cœur ».

Mais qu’en est-il vraiment ? Sont-ils ces monstres que les hommes et la Bible accusent des pires maux ? Peut-être ne sont-ils pas ces êtres cruels que tous semblent haïr…Certains se battent contre la maladie, luttent de toutes leurs forces. Hélas pour eux, c’est en général un combat qu’ils mèneront vainement et qui se soldera par l’échec ou la mort - car un homme qui a faim ne peut se résoudre qu'à cela: mourir ou se nourrir de nouveau. Bien rare sont ceux qui choisissent le repos éternel.


Cette maladie, semblable à la peste, ne semble en être qu’un simple dérivé. En effet, elle n’est pas mortelle bien qu’elle partage les mêmes symptômes:

. La première phase est une montée soudaine de fièvre qui, si elle n’est pas bien surveillée, peut entrainer la mort du patient dans dès les premiers jours .
. La deuxième phase consiste en de nombreuses douleurs musculaires accompagnées d’une toux sanglante - qui peut ou non, selon la personne, perdurer après la stabilisation des germes – ou de vomissement.
. La troisième phase est un développement de la photosensibilité : le patient peut s’exposer à la lumière mais ne la supportera pas plus de 5 heures. Durant cette phase, la couleur des iris du patient peuvent changer : elles deviennent rouges, noires ou blanches.
. La quatrième phase, quant à elle, est décisive : elle entraine la mort ou la naissance d’un appétit presque impossible à calmer. Ainsi, le patient verra ses goûts changer : la plus grande partie de son alimentation sera constituée de divers viandes, voire de chaire humaine, l’un des seuls met qui le nourrisse vraiment.

En somme, la personne contractant cette maladie devient une créature plus ou moins nocturne et assoiffée de sang, se délectant de chair humaine.

Comment attrape-t-on la Cuima lui Satan ?

Cette maladie se propage par le sang. Il suffit donc d’une simple coupure pour la contracter ou d’un contacte buccale ou plaie contre plaie avec le sang d’un pestiféré.
Les cadavres jouent aussi un rôle important dans la propagation de la maladie : bien souvent, les morts abritent cette peste qu’ils « relâchent » dans l’air en se décomposant. Vivre non loin d’un cimetière ou côtoyer souvent les champs de batailles pourrait donc vous être chose fatale…