The original sin - Hellsing OST«
Il y a très longtemps, dans un lointain royaume, vivaient un roi et ses trois enfants »
Contée de cette manière, l’histoire pourrait presque paraitre féérique, belle et innocente. Un vrai conte de fée où, en somme, tout finirait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais cette histoire n’est pas le genre de fable que vous pourriez comptez à vos angelots pour les bercer le soir venu. Elle n’a ni morale, ni quoique ce soit d’enfantin, elle est pourrie jusqu’à la moelle par le mal, la jalousie et le péché, écrite par le destin avec le sang de ses pauvres victimes. La narration type d’un Charles Perrot ne serait donc point appropriée à un tel récit, parler avec le langage de la beauté et de l’innocence pour décrire l’ignominie serait absurde. Transformons donc cela en quelque chose de plus Grimmesque, de plus sombre, de plus réaliste.
«
Il n’y a pas si longtemps, dans une province roumaine où régnaient la terreur, vivaient un roi fous et ses trois enfants. »
«
Pourquoi père me met-il toujours à l’écart ? Est-ce qu’il fait ça avec Grigore et Narcisa ? Eux aussi sont privés de repas ? »
La nuit était pesante, le vent brassait une chaleur désagréable et pourtant dans cette pièce vide semblable à la cellule d’un dongeon Feliks avait froid. Les vieilles pierres, peut être inapte à porter en leur sein la chaleur de l’été causaient cette chute de température.
«
Comme j’ai faim… »
Le petit être se tordit de douleur. Son ventre criait famine et sa peau tendue contre ses os témoignait de son martyr. De temps à autre, de petits gémissements s’échappaient de sa bouche entre-ouverte, accompagnés par les grondements de son estomac hélas tellement vide.
Cela faisait maintenant deux ans que son père s’essayait à ce petit jeu cruel sur lui. Cela consistait à l’affamer jusqu’à ce qu’il supplie où commence à se dévorer lui-même. Mais le futur héritier n’était pas sa seule victime : ce fou brimait tout autant ses deux autres enfants, emplissant le château pourtant si calme de cris et de pleures. La beauté des vieilles pierres créent un contraste avec l'horreur des tortures exécutées entre ces murs. Il excellait tant et si bien dans l’art de la torture qu’il avait rendu sa femme complétement folle et était connu dans tous le royaume comme le roi le plus sanguinaire à avoir régné sur la partie Ouest de la Roumanie. Autant vous dire que le personnage était terrifiant, autant au niveau de son déficit mental que de son apparence générale. Grand, les épaules larges, l’œil mauvais caché par d’épais sourcils, une longue barbe et un air sévère sur le visage, il ressemblait à ces ogres que l’on pouvait trouver dans les contes. Dévoreur d’enfant, fou et sauvage, ces créatures pourtant chimérique étaient devenues pour les enfants Rosetti une réalité. Leur père, à leurs yeux, était un de ces monstres qu’il fallait craindre sous peine d’être mangé par celui-ci.
L’enfant détailla un instant son bras. Ses pupilles reflétaient cette maigre chaire qui pourtant lui semblait être un festin. Une larme roula le long de sa joue. Il ne connaissait que trop bien la douleur qui allait suivre son geste et la redoutait plus que tout. Mais en même temps, la souffrance en valait sûrement la peine… Il croqua à belles dents dans sa peau gelée. Les larmes coulèrent tous comme le sang. C’était à la fois bon et terrible, un geste qu’il ne regrettait qu’à moitié. Presque aussitôt, la porte s’ouvrit, laissant apparaitre une grande silhouette en ombre chinoise. Le jeune prince n’eut aucune peine à reconnaitre à qui elle appartenait : c’était son père. Il laissa son regard se poser sur lui l’espace de quelques secondes avant de retourner à son repas cannibale.
L’homme rit. Ce terrible spectacle le mettait en joie, l’amusait au plus haut point. Encore une fois il avait gagné. Il s’avança vers son fils, le flattant de quelques caresses, geste ô combien ironique étant donné la situation qui se prêtait bien peu à ce genre de douceur. Feliks avait l'impression de n'être qu'un chien avec lequel son père s'amusait et qu'il félicitait pour chaque tour qu'il accomplissait.
«
C'est bien... Bon garçon... »
Feliks avait l'impression de n'être qu'un chien avec lequel sont père s'amusait et qu'il félicitait pour chaque tour qu'il accomplissait. Le petit blond regardait son père dubitatif, partagé entre l'envie de le mordre a son tour ou trouver un quelconque réconfort dans ses bras. Il finit finalement par se jeter dans ses bras, larmoyant. Malgré cette haine qu'il nourrissait pour son père et ses agissements, le jeune prince ne pouvait vraiment détester cet homme. L'amour que l'on a pour une mère et un père est un est une chose sacrée, inexplicable et qui, quoiqu'il arrive, ne peut être rompu. Du moins tant que l'enfant préserve un minimum d'innocence...
Le voïvode rit une nouvelle fois, remplissant la pièce de ces ricanement rauques et lugubre. Sa grande main vint se poser sur le front de son fils et, appuyant une pression sur celui-ci, l'éloigna de lui. Il se releva et contempla de toute sa hauteur le garçon maigrelet, lui adressant l'un de ses sourires terrifiants dont il avait le secret. Feliks voyait toutes ses dents briller dans les dernières lueurs du crépuscule. Il avait l'impression que ce qui se dressait devant lui n'avait plus rien d'humaine. C'était une gigantesque bête, un monstre aux crocs acérés. Sans un mot ajouter de plus et sur cette vision terrifiante, l'adulte quitta la pièce. Le silence et le froid reprirent leurs droits.
* * *
«
Feliks ? »
une voix l’appelait, résonnant dans son crâne. Elle semblait lointaine, presque inaudible. Cette voix, il la connaissait mais ne pouvait mettre ni un nom ni un visage sur celle-ci.
«
Feliks ! »
Elle se fit plus insistante, plus forte, sortant le jeune garçon de cet état de somnolence dans lequel il était plongé depuis près d'une heure. Il tenta d'ouvrir les yeux, se faisant violence afin que ses paupières bougent. Après quelques minutes durant lesquelles il mena bataille contre la fatigue, le petit garçon fini par se redresser et tourna la tête vers la grande porte de bois contre laquelle on frappait. Il pencha la tête, légèrement surpris par cette visite inattendue.
« Grigore ?... »
«
Qui d’autre ?! »
L’autre gamin semblait énervé. Sa patience avait dû être mise à rude épreuve le temps que son jeune frère se réveille. C’est donc sans plus tarder que le garçonnet de quatre ans son cadet se leva, chancela, avant de finalement trainer les pieds jusqu’à cette grande porte massive. Une fois ce petit trajet terminé – qui lui parut pourtant bien long et éreintant- il se laissa glisser contre cette gigantesque planche de bois, se retrouvant dos à celle-ci.
« Père t’a demandé de me faire sortir ? »
Il savait que la réponse serait négative. Néanmoins, il gardait toujours espoir. Peut-être qu’un jour son père changerait. Peut-être qu’un jour, Grigore répondrait « oui ».
«
Non. Ce sont les domestiques qui m’ont passé un double de la clef. Ils m’ont dit de t’amener du pain. »
Il força sur la porte mais s’arrêta quand celle-ci rencontra le petit corps de son jeune frère, le faisant rebondir. L’autre enfant soupira.
«
Feliks, sors de derrière la porte, idiot… »
Ça, bête, il l’était. Et il le savait, on le lui répété bien assez souvent. « Tu es un saut, Feliks ! » voilà ce qui lui disait feu sa mère quand il s’agitait trop. « Cet enfant est bête comme un âne ! », disaient les domestiques quand il leur fonçait dans les jambes, leur faisant perdre l’équilibre. Mais il ne se plaignait pas de ces sobriquets. Ce n’était pas vraiment méchant, ces mots étaient généralement prononcés sous le joug de la colère, bien que personne ne pouvait le nié, cela était la vérité.
Il se poussa donc mollement, permettant à l’autre garçon de s’introduire dans la pièce. A peine celui-ci eut-il posé une gamelle plaine de pain sur le sol que son frère se précipita dessus, dévorant à grands coups de dents ce maigre repas qu’on lui offrait. Une fois celui-ci fini – il ne mis pas plus de 2 minutes pour engloutir toute la nourriture - il se tourna vers Grigore, posant ses grandes yeux bleus sur le visage de son ainé.
« Dis, Grigore…Narcisa…Elle… »
«
Elle va bien. »
L’expression accrochée sur le visage de jeune garçon trahissait une vérité bien moins sympathique. Il mentait. Combien de temps ce petit jeu durerait-il encore ? Feliks en avait plus qu’assez. Ses poings se serrèrent et les muscles de son visages se redirent, tentant de retenir e vain quelques larmes.
« Tu es le plus grand…Alors aide nous ! »
Le concerné ne semblait en aucun cas surpris par ce subit changement de comportement. A croire que ce n’était pas la première fois que le petit garçon lui faisait le coup. Trop habitué aux plaintes de son jeune frère, c’est à peine si sa réaction l’émue. Feliks attrapa entre ses doigts une étoffe du manteau de Grigore, ne cessant de tirer sur celle-ci.
« Fait quelque chose… »
Un bref coup de pied éloigna lui fit lâcher prise. L’autre s’éloigna, s’approchant de la porte. Les pleurs redoublèrent.
«
Pas encore, Feliks. Il va falloir attendre, je te l’ai déjà dit. Tu n'as que 7 ans et moi j'en ai 11. Nous ne faisons pas le poids face à notre père ! Non ne somme pas assez fort...» Il soupira « Plus que quelques années à patienter. Mon frère, ne perd pas espoir car notre vengeance est proche. »
La porte se referma. Plus un bruit. Le silence.
Fate/Stay Night OSTSes yeux inquiets étaient en perpétuel mouvement, tentant de débusquer le moindre intrus. Son corps était parcouru de frissons et ses poumons, se chargeant d’un trop plein d’air, tendaient ses os et sa peau à la moindre de ses inspirations. Il avait le souffle court, a peur au ventre. L’adrénaline lui monté au cerveau, augmentant son rythme cardiaque. Il attendait patiemment, lui et son frère, tapis dans l’ombre d’un couloir.
«
Maintenant ! »
* * *
Dix années s’étaient écoulées et rien n’avait changé. Seul, Feliks n’avait pu trouver la force de s’opposer à son père. Il devait encore et toujours subir les mêmes brimades, tout comme sa sœur et son frère qui devaient encore et toujours subir les brimades d’un père sadique. Comme Grigore le lui avait recommandé il y a dix ans de cela, le jeune prince avait attendu. Mais rien n’était venu. Le jour de leur affranchissement semblait lointain, presque chimérique. Et maintenant, Feliks n’était plus qu’un tas d’os, l’ombre de lui-même, un fantôme sans force, privé de désir et de toute envie. Seule la faim le tiraillait et accaparait son esprit. C’était à vrai dire la seule chose à laquelle il songeait pour le moment présent, ayant abandonné tout espoir d’être un jour libéré du joug diabolique de son géniteur.
Où étaient Grigore ? Et Narcisa ? Cela faisait tant de temps qu’il ne les avait pas vus. Ils ne passaient pour ainsi dire plus beaucoup le voir. C’était comme s’ils avaient disparu. Leur père les empêchaient-ils maintenant de se voir ? Se doutait-il de cette force fraternelle qui s’était ligué contre lui ? Si c’était le cas, il avait compris leur force et leur faiblesse.
« Grigore ! Narcisa ! »
De longues et plaintives lamentations résonnaient telles le glas funèbre dans tout le château. Un corps maigre et sans force s'époumonait en vain, tentant de rappeler à lui les personnes qu'il aimait. C'était un appelle au secoure désespéré. Voilà maintenant que celui qui aurait du avoir la force et le courage d'un prince se mettait à pleurer sur son sort et rampait, se tordant comme un insecte que l'on écrase.
«
Cesse donc de te lamenter. »
Ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'un sourire vint déformer ses traits. Rêvait-il ? Si c'était le cas, ce songe était bien cruel. Il rit doucement, comme un fou qui médite sur ses divagation. Il ne savait plus s'il hallucinait ou si cette voix était belle et bien réelle.
« aah...Grigore ?... C'est toi ? C'est bien toi ? »
Il se redressa, tremblant, regardant la lourde porte de sa cellule avec peur et attention. Il imaginait tantôt la grande silhouette fière de son frère se dessiner derrière les lourdes planches de bois, tantôt un fantôme tout droit sorti de son cerveau malade. Il s'approcha, doucement, trainant sa carcasse avant de poser son torse et ses mains contre le sceau de sa prison, pleurnichant. Un souffle. Il entendait un souffle. Dieu, quel soulagement !
« Mon frère...Aide moi! Si tu es juste, fait moi sortir d'ici ! Je sais bien que je suis faible et ridicule, mais si tu me libère, je te promet de t'aider. Je te promet que nous nous vengeront ! Allons chercher Narcissa ! Tuons notre père ! Tuons le ! Tuons le ! »
Des sanglots ne cessaient de remuer sa poitrine et nouaient sa gorge. Son souffle était court, ses yeux brûlaient, engloutis sous les larmes. Le souffle derrière la porte se fit alors plus long, exaspéré.
«
Feliks, tu as toujours un train de retard. Narcissa est déjà dans sa chambre à l'occuper. Je suis bien entendu venu te chercher, mais vu comme tu chouines comme un pourceau, je me demande si tu nous seras vraiment d'une grande aide dans la tâche que nous allons accomplir... »
Feliks se tu alors, croyant l'espace d'un instant que son frère s'en été allé. Fort heureusement le cliquetis émit par le verrou qui s'ouvrait lui indiqua le contraire et à peine la porte fut elle ouverte que Feliks, retrouvant quelques forces, sauta au cou de son frère qui le repoussa aussitôt.
«
Remettons à plus tard les embrassades. Il y a plus pressant pour le moment... »
Presque instinctivement, le jeune homme baissa la tête. Dans les mains de son frère se trouvaient deux poignards dont les lames luisaient à la lumière de la bougie. Grigore tendit l'un des deux à son cadet qui s'empressa de le détailler, amenant l'arme à hauteur de son visage. Sur le fer se reflétait ses traits laids et creusés. Il se reconnaissait à peine. Il détourna son regard de cette vision d'horreur, posant ses yeux sur le manche finement sculpté.
«
Tu sauras t'en servir ? »
Feliks acquiesça. Certes il n'avait jamais appris le maniement d'une arme, mais enfoncer cette lame dans la chair de son géniteur lui serait chose facile.
* * *
«
Maintenant ! »
les deux jeunes hommes firent irruption dans la pièce, toutes dagues dehors. La belle à la peau blanche, enroulée dans des draps immaculés tout contre son père, sortie à son tour ses griffes avant de faire un sort à sa victime. Les lames percèrent en même temps la chair. Même bien après que le sang ait coulé et que la mort ce soit emparée de ce corps de pécheur, frères et sœur continuèrent à taillader la peau de ce père qui les avait tant fait souffrir. Cette folie meurtrière ne prit fin que lorsque le cadavre eut été assez frappé pour ne plus être reconnu par quiconque.
Ils étaient enfin libre.
Tout avait été si rapide. La mort de son père, son accession au trône...Feliks avait l'impression que le massacre qu'il avait perpétré lui et ses deux autres semblables n'était qu'un rêve et qu'il venait tout simplement de sortir d'un long et douloureux cauchemar. Il avait l’impression d’avoir toujours surplombé la foule sur l’un de ces sièges richement décorés, au côté de son frère, de s’être toujours roulé dans le luxe et le péché, d’avoir toujours pu manger à sa faim et même jusqu’à ne plus pouvoir. Il avait oublié toute l’horreur des tortures, la douleur d’un estomac vide et la froideur d’un cachot. Tout cela semblait si loin maintenant. C’était presque trop beau pour être vrai.
C’est alors qu’ils firent leur entrée. Tels des rapaces tournoyant autour d’un cadavre, leurs ombres terrifiantes menaçaient à présent les trois enfants Rosetti. Etaient-ils venus pour soutenir les nouveaux princes ou pour les enfoncer dans le plus profond des abysses ? Ça, nul ne pouvait le dire. Leur présence dérangée autant qu’elle faisait jazzer. Feliks, quant à lui, ne prenait en aucun cas leur venue comme un présage funèbre. Innocent, bien qu’ayant une bonne connaissance de la cruauté humaine, il prenait son oncle et sa tante pour des martyres qui avaient dû fuir la région à contre cœur sous peine d’être exécuté par leur frère ainé. Il les avait donc tout naturellement accueillis à bras ouvert sans même se douter que derrière ces sourires et ces politesses se cachaient deux loups féroces, avide de pouvoir et de sang.
L’histoire se répète et rien ne change. Les martyres deviennent en démon. Un tyran meurt pour en faire monter trois nouveaux sur le trône. Le sang appelle le sang et le pouvoir la convoitise. Le peuple souffre et se tait. A ce jeu, personne ne gagne, seule la mort est le vrai vainqueur.